Gilda Gonfier aime se décrire comme discrète, mais ses actions en faveur de la transmission des savoirs à travers les livres, des rencontres, des ateliers, et toutes les formes possibles et imaginables de dispositifs favorisant l’échanges de connaissances, sont remarquables.
A la tête de la médiathèque du Gosier, elle déploie une énergie qui semble inépuisable afin d’établir nombre de passerelles entre plusieurs types de publics, et multiples formes de connaissances et savoir-faire. Tout comme un passeur qui dirige une barque, avec des passagers, d’une rive à l’autre, Gilda Gonfier est une passeuse de savoir qui cherche à conduire Autrui vers un éveil à soi-même.
Gilda Gonfier est aussi co-fondatrice et présidente de « Varan Caraïbes », une association qui « soutient en Guadeloupe le développement d’une culture cinématographique caribéenne vivante, productive, pérenne en favorisant l’émergence d’une production régionale depuis son origine – la formation et le soutien apporté aux jeunes cinéastes – jusqu’à son aboutissement : la diffusion et la mise en réseau. »[1] A
vec « Varan Caraïbes », Gilda Gonfier s’attèle à transmettre non seulement des outils et des savoir techniques à une nouvelle génération de cinéastes caribéens, mais aussi et surtout des méthodes analytiques et critiques afin de donner un sens profond à leurs productions.
Avec Frédéric Régent et Bruno Maillard, Gilda Gonfier publie en 2015 « Libres et sans fers : Paroles d’esclaves », un ouvrage qui, se basant sur des archives judiciaires, relate des témoignages d’esclaves ayant comparu au début du XIXème siècle dans des tribunaux : « Ces sources n’avaient jusqu’à présent pas été exploitées. Pourtant, qu’ils soient accusés ou simples témoins dans des affaires pénales, les esclaves évoquent leur quotidien. Je voulais fuir le manichéisme avec d’un côté le méchant maître et de l’autre l’esclave victime. Ici, il s’agit, sans jugement moral, de connaître et de comprendre la condition d’esclave et aussi pourquoi ce système a duré aussi longtemps », déclarait-elle à Sciences Po Toulouse à la sortie de l’ouvrage.
Un livre qui est sans conteste une forme de réhabilitation, de libération, de l’humanité des anciens esclaves, dont la parole et les dires ont, eux-aussi, été enchaînés.